HADOPI porte les stigmates de l’idéologie
du Sarkozysme : le tout répressif ! En cas de téléchargement illégal et si
vous avez la malchance d’être pris, vous êtes conduits tout droit en « prison ».
La plupart des utilisateurs n’ont strictement aucune idée des limites qu’ils
ont droit de franchir, parce qu’il est tout simplement impossible de les connaitre.
C’est comme si l’on exigeait que vous rouliez à 130km/h, avec des radars
automatiques pour contrôler votre vitesse… mais que vous n’avez pas de compteur (alors
même que la puissance de votre véhicule vous permet de rouler à 400km/h). En
effet, comment Mme Michou saurait-elle qu’elle devient un pirate en cliquant
sur un lien « écoutez votre album préféré », sur lequel elle est
invitée à se connecter ?
Il y a encore plus grave pour le
milieu du numérique : cette loi s’est fixée comme objectif de centraliser
Internet pour créer un point d’accès unique au travers duquel il sera alors
possible de faire un contrôle avancé de chaque internaute. Or l’essence même d’Internet
est la non-centralisation (étymologiquement Internet signifie « entre
réseaux » et non « un réseau »). En centralisant, on détruit
objectivement Internet pour recréer le Minitel : tous les utilisateurs
deviennent spectateurs ou consommateurs et non plus acteurs ou fournisseurs, ce
qui aura des conséquences catastrophiques sur les usages et donc sur l’économie
numérique.
Il est facile pour le CSA de contrôler
la télévision parce que les seuls comédiens sont les chaines, et il y en a peu,
mais quelle pauvreté dans la diversité des programmes ! A contrario,
Internet permet à chacun d’être sa propre chaine de télévision, créant ainsi une
vraie richesse et une diversité sans précédent de laquelle les leaders de
demain vont émerger. Aucun futur « CSA » ne sera en mesure de contrôler
ces dizaines de millions de créateurs, sauf à les rendre spectateurs, donc à
appauvrir tout le monde. Or même si pour une certaine génération, il n’est pas
évident de comprendre tout ce que l’on peut faire avec une Free Box au-delà de regarder la télévision, il n’en n’est pas de
même pour les adolescents d’aujourd’hui et les futurs utilisateurs de demain
qui eux sont et seront nés avec.
On peut comprendre ce que souhaite
l’actuel gouvernement, piloté par des lobbies prêts à « détruire le reste
du monde » pour protéger leurs intérêts. Mais cette tentative de
centralisation d’Internet équivaut à demander aux opérateurs la même chose que
d’exiger de EDF de regrouper à son siège tous les compteurs de tous ses clients,
de manière à pouvoir contrôler individuellement l’usage de l’électricité par
chaque Français. Au-delà de son côté totalement liberticide, une telle
obligation est inapplicable en l’état. En effet, comment peut-on imaginer la
gestion par l’opérateur d’une énorme salle avec ses dizaines de millions de compteurs
et autant de disjoncteurs ? Il est évident que pour contrôler ce système aussi lourd que complexe, l’opérateur
serait dans l’obligation de tenter de le simplifier en ralentissant les vitesses
de connexion (le temps de voir ce qui passe) et d’interdire aux utilisateurs
finaux un usage au-delà de limites et de normes très strictes qu’il leur
imposerait, ce qui revient à tuer toute créativité. C’est vrai en matière
électrique comme dans le numérique ! Ce serait la fin de toutes ces
initiatives privées telles que FREE, VENTE-PRIVEE, MEETIC et consorts, toutes initiées
avec des bouts de ficelles, souvent dans les garages et qui représentent aujourd’hui
plusieurs milliards d’Euros de chiffres d’affaires.
Les opérateurs sont fermement
opposés à cette loi parce qu’ils ne veulent pas être les gestionnaires de ces
futurs « centres de contrôles » hyper complexes et liberticides, sans
compter l’inconfort de leur position vis-à-vis du consommateur. En effet, tout
se passerait comme si l’on leur demandait de créer les autoroutes de l’information,
mais en même temps d’installer les radars et, la cerise sur le gâteau, de
dénoncer leurs propres clients qui ont acquitté un péage mais ont mordu sur la
bande d’arrêt d’urgence. Les opérateurs de l’Internet estiment que le rôle de « Cofiroute »
n’est pas de lancer des motards à la poursuite de chauffeurs indélicats.
Le fonctionnement d’Internet n’est
pas toujours bien compris par les
ayants-droits, les majors, notre gouvernement… et plus globalement par les personnes
hors de ce milieu : tout ce petit monde vit dans une espèce de mythe qui lui fait
croire que la solution qu’il a inventée est la bonne, la seule et même l’unique solution, alors qu’elle est gravement
destructrice de valeur.
Dans l’indifférence totale du
gouvernement, le monde du numérique tente aujourd’hui de trouver et d’organiser
lui-même sa réponse. D’abord et avant tout créateur de contenu, il souhaite être
rémunéré pour cela, il est en capacité de comprendre parfaitement les enjeux
des ayants droits et connait ce qu’il est possible ou impossible de faire dans
son monde. Il est de fait le seul protagoniste à avoir la compréhension globale
des enjeux du sujet, techniquement, économiquement et politiquement parlant.
Aujourd’hui, la réponse qui s’organise
autour de M. Jean Michel Planche (fondateur de l’Internet chez France Télécom et
désormais CEO de Witbe) et aussi étonnant que celà puisse paraitre, les "Labs HADOPI" peut se résumer autour d’une seule phrase : « à
tout problème centré sur l’utilisateur, la réponse se fait autour de l’utilisateur »
et non « à tout problème centré sur l’utilisateur, la réponse se fait par
l’opérateur ». Tous les 1ers
jeudis du mois, une réunion relativement informelle regroupe un public hétéroclite
(personnels des opérateurs, ayant droits, représentants d’HADOPI, écoles, particuliers…).
La solution recherchée doit être globale et embrasser le périmètre le plus
large possible.
L’Internet très haut débit chez
le particulier, c’est l’équivalent d’une ligne EDF de 400 000 volts. On
peut en faire des choses extraordinaires, mais c’est potentiellement dangereux.
Le premier axe de la réponse est de proposer aux utilisateurs « un tableau
numérique » équivalent du tableau électrique (c’est la création du compteur
de vitesse évoqué plus haut), leur permettant de maitriser ce qui se passe sur
leur internet et les alertant du risque imminent éventuel de mordre la ligne du
téléchargement illégal par exemple, mais aussi de la nécessité du contrôle
parental…
Comme en matière de sécurité routière,
il s’agit d’une histoire qui va prendre plusieurs décennies et qui nécessite
une réponse multiple et à tous les niveaux, chez l’utilisateur (compteurs de
vitesse, airbag, aide à la conduite…), chez les fournisseurs (travail sur la
signalisation, réfection des chaussées…), chez les divers contrôleurs (radars
automatiques, mobiles…), chez les éducateurs (permis de conduire,
sensibilisation dès le plus jeune âge…) etc.